"Harcèlement sexuel : dans les collectivités, difficile d'en parler" de Marie-Pierre Bourgeois
Dans un contexte de dénonciation massive du harcèlement sexuel au travail, MP. Bourgeois s'intéresse, dans son article "Harcèlement sexuel : dans les collectivités, difficile d'en parler", à la fonction publique territoriale et à l'omerta qui sévit sur ce sujet.
Favorisés par un sentiment hiérarchique très fort, les élus et DGS (Directeur Général des Services) ont un pouvoir important sur leurs agents dont ils peuvent apparemment user à leur gré en toute impunité.
Malgré la législation qui impose aux collectivités publiques de protéger les fonctionnaires contre les menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages dont ils pourraient être victimes dans l'exercice de leur fonction, les victimes de harcèlement sexuel se retrouvent seules voire sanctionnées lorsqu'elles osent parler :
- Les DRH semblent sourds à la situation et préfèrent protéger les élus malgré leurs comportements
- Les dépôts de plainte au commissariat local sont difficiles du fait des liens étroits entretenus entre les commissaire, maire, président de l’agglomération et même procureur, et les affaires sont rarement instruites
- Les tribunaux administratifs, au contraire des juges pénaux, sont réticents à reconnaître les situations de harcèlement sexuel.
Malgré la libération de parole des victimes, les actions des associations et la mise en place de cellules d'écoute au sein de certaines collectivités locales, il reste encore beaucoup à faire pour briser l'omerta sur le harcèlement sexuel qui sévit au sein de la fonction publique territoriale.
Espérons que les retombées de l’affaire Weinstein vont inquiéter suffisamment ces prédateurs, pour qui l’impunité n'est plus garantie, et leurs complices, qui peuvent être reconnus comme responsables au niveau pénal.
Et si la loi du silence commence à se fissurer dans les administrations publiques - les hôpitaux ("Sexisme, harcèlement sexuel: Pourquoi les internes subissent tant ces comportements") et même les députés ne semblent plus à l’abri (le président de l’Assemblée nationale a annoncé le 25 octobre, suite à plusieurs affaires relayées par les médias ces dernières semaines, que les immunités parlementaires seraient levées pour les affaires de harcèlement sexuel - il reste quand même beaucoup de chemin à faire.
A suivre.