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Quand la Taylorisation à outrance se transforme en dictature des improductifs

Le Taylorisme vise à la base à assurer un niveau de qualité constant en découpant à un niveau élémentaire (geste par geste) les tâches contribuant aux processus créant la valeur ajoutée.

La théorie souffre malheureusement trop souvent des insuffisances de ceux qui l'appliquent, et dans beaucoup de servivces, la rationalisation prend des allures d'une dictature que vous allez sans doute reconnaître.

Les Bras Cassés Taylorisent

En pratique, l'idée de la Taylorisation est détournée par bien des gens, notamment :

  • Des gens qui veulent plus de contrôle (mais pas forcément plus de qualité)
  • Des gens qui veulent infantiliser (même ceux qui croient que c'est une bonne idée)
  • Des improductifs ou neo improductifs dont les objectifs sont soit personnels (confort, ne rien faire, exercer un pouvoir malsain…), soit légitimes et donnés par l'entreprise mais qui nuisent à l'efficience globale
  • Des gens qui ne comprennent pas vraiment ce qu'est un découpage effectif, par exemple en découpant des prestations intellectuelles à outrance ou en nécessitant plus de temps de transmission d'information que de travail effectif

Les collaborateurs subissent

Les problèmes fréquemment induits sont :

  • L'absence d'une de vision globale de l'activité ou de la finalité des actions : chaque "petit robot" doit réaliser les tâches qui lui ont été assignées sans se poser de question ou en comprendre le sens
  • Perte de motivation (la capacité individuelle est supérieure à ce qui est présumé, l'activité répétitive est démotivante naturellement, l'absence de sens aux actions et la compréhension de la stupidité/inefficience du système…)
  • Multiplication des burnouts, des dépressions
  • Perte de la création de valeur ajoutée des processus, de l'innovation ; fuite des "Stars", abrutissement des troupes
  • Dictature des improductifs sur les productifs (ceux qui apportent pourtant de la valeur à l'entreprise) ; Les personnes productives passent plus de temps à rendre des comptes à des hiérarchies et des transverses dans des buts inefficients et/ou inopérants ; les productifs ont souvent du mal à se prévaloir ou se défendre d'un système inopérant car ce n'est pas dans leur mode de pensée à la base, alors qu'un improductif a toute la perversité mentale nécessaire pour le faire appliquer
  • Déresponsabilisation (porte ouverte au Bracassage)

Une citation qui résume bien

Comme le dénonçait Miguel Banasayag dès 2011 dans son article « Halte aux méthodes du néomanagement ! » (publié dans le Monde) : « Plus d'espace, du même coup, pour la pensée critique et l'autonomie. Dans leur esprit, l'autonomie doit se transformer en pure autodiscipline, ce qui fait d'eux de petits soldats de la mise en place d'un pouvoir arbitraire. Dans leurs tableaux et leurs contrats d'objectif, l'essentiel leur échappe. Au point de susciter des effets "contre-productifs" - pour utiliser leurs termes.

A force de vouloir imposer de la rationalité, en contrôlant les horaires, en voulant rentabiliser chaque minute (chaque euro d'argent public dépensé...), en quadrillant les services, en instituant des rôles de petits chefs et sous-chefs, c'est la contrainte qui devient la règle, épuisant le désir et l'initiative des salariés.

Obligés de travailler dans un univers panoptique où tout est mesurable et transparent, ils perdent le goût de leur métier, s'impliquent logiquement moins, et souffrent au quotidien.»

Par Nadie B. Care, Membre Fondateur

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