Mis sur le devant de la scène par les suicides d’employés de Renault ou France Telecom (Orange depuis 2013), le terme de Burnout (souvent écrit Burn-out) est de plus en plus employé, voire galvaudé, par les médias qui ne cherchent pas toujours à en comprendre les enjeux et la gravité.
Fort de ce constat, Alternative Santé a publié en Novembre 2016 un dossier intitulé « Burn-out, les derniers conseils avant l’implosion » afin de proposer une analyse plus approfondie des enjeux, des causes et des conséquences de l’épuisement professionnel (SEP : Syndrome d'Epuisement Professionnel).
Je me suis penchée dessus... et j'y ai trouvé des choses intéressantes.
Contrairement à d’autres articles se limitant aux causes individuelles qui poussent une personne au Burn-out, ce dossier met en avant le rôle de l’organisation du travail et de notre modèle économique dans la progression statistique de l’épuisement professionnel.
Ce dossier présente bien d’autres analyses et idées qui peuvent vous intéresser (sociologie du Burn-out, investissement personnel, assertivité ): je vous invite donc à le lire dans son intégralité.
Pour ma part, je me suis trouvée particulièrement intéressée par les deux principales causes du Burn-out développées dans ce dossier, qui définissent la situation de souffrance dans laquelle vous pouvez vous trouver :
- La déshumanisation des rapports sociaux et professionnels
- Le stress constant
Le Burn-out, un mal-être reflétant la déshumanisation des rapports sociaux et professionnels portés par notre modèle économique
Selon Alternative Santé, le Burn-out est la conséquence directe de la déshumanisation des rapports sociaux et professionnels portés par notre modèle économique : "l'organisation du travail promet à ses employés un contrat narcissique qui présente le travail comme une activité enrichissante et flatteuse, tout en les trahissant au profit d'un modèle économique du toujours plus, toujours plus vite, peu importe l'éthique, la qualité, le sens" (Marie-France Hirigoyen, psychiatre).
La déshumanisation, en général, correspond à l'action de déshumaniser, « de faire perdre son caractère humain à un individu, à un groupe, de lui enlever toute générosité, toute sensibilité ». En psychologie sociale, les réflexions sur le sujet ont principalement abordé la « déshumanisation du point de vue de la légitimisation de la violence, de l’exclusion, du désengagement moral et des valeurs » (Wikipédia).
Dans une entreprise ou une organisation, cette déshumanisation va se manifester par :
- Des promesses aux employés non tenues ou trahies
- Des pratiques nocives, voire destructives, pour les individus
Alors que la Révolution industrielle du XIXème siècle était aussi inhumaine et dure en termes de travail, les employés étaient conscients de la réalité de leur travail et pouvaient s’appuyer sur une fraternité de groupe.
Aujourd’hui, l’entreprise, ou l’organisation, promet un travail épanouissant, valorisant et met en avant de grandes valeurs (perfectionnisme, investissement, honnêteté, professionnalisme, altruisme…) pour motiver et impliquer ses employés, pour ensuite les trahir afin d’obtenir toujours plus.
Les employés, qui portent ces valeurs humaines et positives, se sentent alors, à juste titre, trahis par l’organisation à laquelle ils « appartiennent ». Le travail perd son sens et sa valeur ; sans reconnaissance ni satisfaction du travail bien fait, l’environnement professionnel est ressenti comme agressif et inhumain.
A cette trahison des employés, s’ajoutent des rapports professionnels brutaux et irrespectueux qui visent à déshumaniser l’individu pour le transformer en robot exécutant et docile. En plus de la perte de sens et de reconnaissance, les pratiques les plus destructrices sont autorisées - dévalorisation, pression, humiliation, isolement - voire justifiées afin d’obtenir toujours plus des employés.
A mon sens, la déshumanisation des rapports sociaux et professionnels, mise en avant par ce dossier, est bien au cœur des dysfonctionnements des entreprises et de la souffrance vécue aujourd’hui par un nombre croissant d’employés.
A noter que le Burnout est, à ce jour, reconnu par le corps médical (une liste de critères identifiables et fiables - le Maslach Burn-Out Inventory (MBI) – publiée en 1981) et par les instances législatives depuis 2007 : l’Article L.1152-1 du Code du travail stipule qu'"aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel".
Le stress constant, cause principale du Burn-out
Autre facteur principal du Burn-out mis en avant par Alternative Santé : le stress constant.
Le stress, défini comme la somme des réactions d'un organisme face aux difficultés, peut être une source de transformation et d’évolution. Face à une situation nouvelle (qui génère du stress), l’individu va puiser dans ses ressources intérieures pour y faire face et trouver une solution adaptée et évoluer.
Sur la base de cette idée, les entreprises ont développé la notion de « stress positif » afin de pousser les employés à développer leur potentiel et à se surpasser, mais sans mettre de limite, puisqu’il faut toujours faire plus.
Or, l’individu soumis à un stress exagéré (intensité élevée et/ou pérennisation) va dépasser les limites physiologiques et/ou psychologiques de son organisme : après une première phase d’alarme où l’individu puise dans ses ressources physiques et émotionnelles afin de trouver une solution adaptée, l’organisme passe par une phase d’adaptation ou de résistance jusqu’à l’épuisement (épuisement physique et émotionnel, émergence possible d'une pathologie sévère, infection, cancer, maladie neurodégénérative …).
Or il est pourtant évident (même s'il n'y a que nous sur NBC qui semblons le dire) que l'adaptation peut être déclenchée sans stress, sans exagération, sans épuisement – avec une efficacité supérieure même à court terme. Du coup il semble que les décisionnaires qui y recourent le fassent à la fois par défaut de compétence managériale et au mépris de l'intérêt de leurs équipes, le plus triste étant que certains le font sciemment.
Pour reprendre sur les idées principales du dossier, le Burnout est donc le résultat d’un stress exagéré et constant qui, selon Alternative Santé, trouve sa source dans une combinaison de facteurs :
- Organisation du travail : précarisation de l'emploi (conserver son emploi à tout prix)
- Lean Management (réduction de toutes les formes de perte évitable) : règlement intérieur inhumain et surveillance constante de chaque employé astreint à une demande psychologique élevée tout en disposant d'une faible marge de manœuvre décisionnelle (robotisation)
- Toute puissance de l'entreprise : soumission aux exigences de la direction (quelles qu'elles soient) pour avoir une promotion ou seulement conserver son poste
- Manque d'équité de la hiérarchie
- Addiction au travail encouragé / imposé
- Manque de reconnaissance du travail (nourriture émotionnelle essentielle)
- Absence d'un sens ou d'un but au travail effectué
Même s’il n’est pas toujours facile de se prémunir du stress généré par son environnement professionnel, des solutions existent néanmoins pour en limiter les impacts et retrouver son bien-être :
- Solutions thérapeutiques : consulter un nutrithérapeute, suivre une thérapie cognitive et comportementale, sophrologie, méditation et yoga, activité sportive ou artistique …
- Compléments alimentaires anti-stress, anti-déprime et/ou antioxydant
- Démarche réflexive : accepter la situation, reconnaître son droit légitime au bonheur et mettre en œuvre les actions permettant de répondre à ses besoins et envies, avec le soutien d’un psychothérapeute ou d’un coach si nécessaire.
Conclusion
Loin des analyses cliniques ou individuelles, ce dossier d’Alternative Santé souligne les problèmes importants de notre modèle économique et ses dérives en mettant en avant la déshumanisation des rapports professionnels et le stress constant comme causes principales du Burnout et de la souffrance vécue aujourd’hui par un nombre de plus en plus préoccupant d'employés.
Je suis ravie de le lire, et j'espére que d'autres sources vont commencer à lier les causes à l'effet.
Nadie